Lut Cromphout et Veerle Verleyen 
Belgique - Les Philippines 

Lut : "Je suis infirmière, représentante du personnel et présidente militante d'ACV Puls (équivalent en Flandre de la CNE). Nous nous sentons fortement liées aux collègues du syndicat Alliance of Health Workers ((AHW - alliance des travailleur·euses de la santé) aux Philippines. Notre travail présente de nombreux parallèles.
Durant les ‘années Covid-19’ par exemple, nous étions tous et toutes des héros. La pandémie a entraîné de fortes mobilisations et revendications. Nous avons obtenu des résultats positifs : la classification des emplois a été modifiée et un budget a été ajouté pour renforcer le personnel. Nos collègues des Philippines ont également réussi à imposer un accord, mais ils·elles attendent toujours les primes promises.
Si nous, en tant que prestataires de soins de santé, défendons de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, nous défendons en fait ainsi le bien-être de nos patients. Vous ne pouvez garantir la qualité des soins que si les conditions de travail sont bonnes pour le personnel. Pour le personnel des soins de santé aux Philippines, c’est la même chose." >>

" Les militant.es syndicaux.ales aux Philippines sont de plus en plus criminalisé.es, emprisonné.es et tué.es. C'est pourquoi notre solidarité est si importante."

>> "Aux Philippines, les infirmières migrent vers les États-Unis ou l’Europe. Cela, juste pour pouvoir payer leurs factures ! Et cela alors que la pénurie de personnel dans leur pays s'aggrave. La lutte aux Philippines pour de meilleurs droits veut empêcher une nouvelle fuite des cerveaux. Et c'est aussi important ici. En raison d'un manque de personnel, sept infirmières roumaines nous ont rejoint·es. Cela nous soulage, mais cela soulève aussi des questions : y a-t-il bien suffisamment d'infirmières qualifiées en Roumanie ? » >>
>> Veerle est secrétaire générale adjointe de l'ACV-Puls: "La migration de main-d'œuvre augmente localement et mondialement. En tant que pays et en tant que syndicat, nous devons être conséquents. Si les gens viennent travailler ici, ce doit être pour de bons salaires et dans de bonnes conditions de travail. Et en tant que syndicat, grâce à nos liens internationaux, nous pouvons pousser à cela, afin que la qualité des soins et des emplois augmente aussi ailleurs.
Beaucoup de groupe de maisons de repos sont désormais organisés au niveau international. Si les employeurs s’organisent mondialement, les employé·es devraient aussi le faire, car tant que vous ne défendez pas les intérêts de tous·tes les acteur·rices de la chaîne, les intérêts de tous·tes en pâtiront, personnel et patient·es.
Lors de notre visite aux Philippines, nos collègues de Manille étaient en pleine action contre la privatisation d’un hôpital. Il était clair que beaucoup de patient·es ne pourraient plus y avoir accès. Ici aussi, nous luttons contre la privatisation. Ce mécanisme de commercialisation et d’exclusion des plus précaires est aussi fort ici que là-bas.
Les militant.es syndicaux.ales aux Philippines sont de plus en plus criminalisé.es, emprisonné.es et tué.es. Le régime militaire y est extrêmement répressif. Pendant notre séjour, nous avons participé à une action durant laquelle des policiers armés nous observaient et notaient qui se tenaient là… Et pourtant, les collègues philippin·es étaient bien là, à chaque fois. C'est pourquoi notre solidarité est si importante.
Notre conseil : faites un don à WSM. L'un des objectifs de l'AHW est de devenir actif dans un plus grand nombre d'hôpitaux. Mais vous ne pouvez le faire que si vous êtes plus nombreux. Des personnes détachées qui peuvent organiser des actions, et du budget pour acheter des matériaux… Et pour cela, il faut de l'argent, c'est comme ça !"