Judith Girón, Guatemala

« Lorsque nous avons réclamé des salaires plus élevés dans la plantation de café où nous vivions et travaillions, moi-même et 46 autres familles avons perdu notre emploi et le toit au-dessus de nos têtes. Les hommes gagnaient entre 30 et 40 Quetzales par jour. Cela représente environ trois à cinq euros. Et les femmes gagnaient encore moins. Nos enfants travaillaient pour compléter le revenu familial. Nous en avions assez de ces salaires et ne voulions plus être à la merci du patron qui nous traitait comme des outils. Mais notre résistance a conduit au licenciement. Du jour au lendemain, nous sommes devenus des sans-abri. C'était une lutte inégale. Mais le MTC, un mouvement pour les travailleur·euses agricoles et les agriculteur·trices, nous a défendu·es. Après leur médiation, nous avons reçu des terres (agricoles) en compensation. Aujourd'hui, nous vivons à La Nueva Primavera - le nouveau printemps - comme nous avons appelé notre nouvelle communauté. Maintenant, c'est à nous de faire de cet endroit un foyer où il fait bon vivre, où nous cultivons ensemble notre terre pour notre propre usage et pour la vente dans notre magasin local. Nous cultivons du café, du cacao, des légumes et des fruits. Une infirmière nous rend visite tous les mois, depuis deux ans nous organisons des cours pour nos enfants. »

"J'espère que davantage de femmes et de jeunes prendront conscience de leur pouvoir et mettront la main à la pâte dans notre société de rêve."

"Chez le MTC j'ai suivi un cours de droits de femmes. J'ai à peine suivi l'enseignement quand j'étais plus jeune. Il n'y avait pas d'argent pour ça. J'avais l'habitude d'obéir. A mes parents, au patron, à mon mari. En peinant, en s'inquiétant et en restant silencieux, votre estime de soi en souffre. Plus j'en apprends sur mes droits, plus mes yeux s'ouvrent. Ce n'est que maintenant que l'on me voit vraiment et que j'ose m'exprimer. La prise de décision et le leadership ne doivent plus être une affaire d'hommes. Dans notre village, nous avons mis en place un conseil des femmes. Cela demande un sacré retournement de situation. Les projets que nous proposons ne sont pas accueillis avec enthousiasme, si vous voyez ce que je veux dire. >>
>> "Si nous parvenons à être officiellement reconnu·es, nous pourrons également avoir accès à l'eau et à l'électricité, à l'éducation et aux soins de santé. J'ai hâte de construire une petite école et un centre communautaire. Il existe déjà des initiatives pour travailler ensemble. Mais une véritable coopérative de producteur·ices de café, c'est de la musique pour moi. J'espère que davantage de femmes et de jeunes prendront conscience de leur pouvoir et mettront la main à la pâte dans notre société de rêve. Vous verrez alors que dans un avenir pas si lointain, l'été se lèvera à La Nueva Primavera."